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Hommage à Harry

J’ai longuement hésité à écrire, puis publier cet article, car il est beaucoup plus personnel que ce que vous avez l’habitude de lire par ici.
Mais voilà, il y a une semaine, Harry, mon compagnon perruche depuis 14 ans est décédé. Depuis, la tristesse m’accompagne, et je n’arrivais pas à envisager de revenir ici avec une recette ou mes découvertes du mois comme si de rien n’était. Alors, quitte à parler d’Harry, j’ai décidé de ne pas le faire vite fait, entre deux lignes, mais de lui consacrer un article entier, car il le méritait bien (et puis c’est l’avantage que ça soit mon blog, je fais ce que je veux finalement!).

Je sais que nous sommes nombreuses et nombreux à avoir des « animaux de compagnie » (j’ai toujours trouvé cette expression bizarre), et je sais que je ne suis pas la seule pour qui ils prennent une grande place. Alors, parlons un peu de Harry, en hommage à tous nos compagnons à plumes, poils, écailles et autres !

Quand je raconte aux gens comment j’ai eu harry, je dis souvent « tu vois le film 3 hommes et un couffin ? Ben, la même chose, mais avec Harry ». Je bossais l’été dans une commune balnéaire, et un jour, en arrivant au boulot, je vois, posé sur le perron de la porte, un oiseau dans une cage de fortune (2 bouts de grillage assemblés avec de la ficelle). Plutôt surprenant comme trouvaille… Je demande aux voisins, personne n’est au courant. Je rentre l’oiseau, et avec les collègues, on prévient la police, la mairie, la SPA, le véto du village, en attendant qu’on vienne nous réclamer cet oiseau perdu. Les jours passent, et personne ne se manifeste. Vous vous doutez bien que Bibi a été acheter des graines à l’oiseau et lui donne de bons fruits frais. On apprend qu’une mamie qui a des perruches veut bien le récupérer. Et là, mon petit cœur se serre, c’est à dire que moi je commençais à bien l’aimer l’oiseau en fait… Alors, je décline la proposition de la dame, et décide de garder l’oiseau. Je suis en train de lire Harry Potter à ce moment là, l’oiseau s’appellera Harry.

Quand il est arrivé dans ma vie, il avait les ailes coupées il volait donc comme une patate, le pauvre… Il se cognait dans les murs car il n’arrivait pas à négocier les virages. Heureusement, ses ailes ont repoussé et il a bientôt très bien volé.

Harry m’a donc suivi à Toulouse. Je n’y connaissais rien en perruches, encore moins en grandes perruches… Harry était bagué, la bague indiquait son année de naissance, qui était celle de notre rencontre, il était donc tout jeune! A l’époque l’internet n’était pas trop ce qu’il est aujourd’hui, c’est donc dans un livre que j’ai appris que Harry était une perruche mélanure. Au départ dans une petite cage, il a vite migré dans une plus grande cage, puis une encore plus grande quand j’ai adopté sa compagne Lisbeth (vous vous doutez quel livre je lisais quand elle est entrée dans ma vie n’est-ce pas ?!). En accueillant Lisbeth, je me suis rendue compte à quel point Harry était sociable, sans doute « élevé à la main » comme on dit dans le jargon des éleveurs, contrairement à Lisbeth qui est restée plus craintive. Lors de leurs sorties hors de la cage, les deux volaient à qui mieux mieux, mais jamais Lisbeth ne se pose sur ma tête, alors que c’était la piste d’atterrissage préférée de Harry.

Harry a été mon compagnon pendant 14 ans, c’est énorme 14 ans! Il a connu les matins qui commencent à 15h pour cause de soirée interminable la veille (les perruches restent silencieuses dans le noir, voilà qui m’arrangeait bien…), mes différentes coupes de cheveux (il adorait me recoiffer la frange), un appart très bruyant au dessus d’un boulevard, et le calme de mon appart actuel dans une rue très résidentielle. Pendant toute ces années, j’entendais ses sifflements depuis l’extérieur dès que j’enclenchais ma clé dans la serrure, et ses sifflements/piaillements qui venaient tout commenter : en réponse à un éternuement, une sonnerie de téléphone, des éclats de rire…

Je me souviens de ses moments de folie quand il faisait tinter la cloche de sa cage, tout en piaillant par dessus, de la fête que chaque remontée de store et apparition du soleil était, de ses petits mouvements de tête de bas en haut au rythme de certaines musiques,  de sa manie quand il était posé quelque part de prendre tous les objets avec son bec, de les amener sur le bord de la table, de les faire tomber, et de les regarder en penchant sa petite tête sur le côté, de comme il aimait boire l’eau qui coulait du robinet en descendant en rappel depuis mes cheveux, de sa dextérité pour décortiquer les graines de tournesol juste avec son bec et sa langue, de son habileté pour se déplacer à l’aide de son bec dans la cage, de sa manière de « danser le quadrille » (j’appelais ça comme ça) sur son perchoir quand j’approchais quelque chose de bon à manger (même s’il savait que ça n’était pas pour lui^^), de sa manière de marcher par terre en levant ses petites pattes, et surtout, de son amour pour … les hommes, surtout ceux qu’il ne connaissait pas ou ne voyait pas souvent. Là, c’était le grand jeu : sifflements, piaillement, quadrille, gonflage de plume, tout y passait pour séduire ces messieurs. C’était si drôle (et efficace!!)!

Il était gourmand, très gourmand, ses sorties de la cage étaient souvent l’occasion de venir chaparder quelques trucs à manger : des miettes de pain ou autre. Une fois, il a même carrément atterri sur la tartine préparée par l’amoureux! C’était dangereux de le laisser sortir pendant que nous mangions, nous avions droit à une attaque en règle à chaque fois! Il atterrissait sur la tête, descendait sur l’épaule, puis le long du bras qui tenait la nourriture. Si la nourriture changeait de main, il remontait le long du bras, passait derrière la nuque, et descendait l’autre bras. le manège pouvait durer longtemps^^

Mais il n’était pas seulement intéressé par la nourriture, il aimait aussi tout ce qui brillait, il était donc friand des sessions bricolage de l’amoureux, et des sessions guitare aussi. Mais il aimait aussi parfais venir sur ma tête ou mon épaule juste comme ça, pour faire sa petite sieste (oui, bon, et faire caca aussi des fois…).

Le jour avant son hospitalisation était un très beau jour. Il faisait beau, j’étais en repos, la cage est restée ouverte une grande partie de la journée, et les oiseaux ont beaucoup volé. Harry avait l’air bien, mais c’est quand il s’est posé sur moi que j’ai réalisé que ses fientes restaient collées à ses plumes, ce qui n’était pas habituel. Avec le recul, je suis contente que sa dernière journée à la maison ait été une particulièrement belle journée, avec des moments partagés avec moi. Nous sommes allés consulter le lendemain, et il n’est jamais rentré à la maison.

Il est resté hospitalisé, le véto était d’emblée inquiet car il le trouvait maigre et trop calme (alors que la situation était un peu stressante : un transport en voiture, un docteur qu’il ne connait pas…). Effectivement, il était très calme dans sa cage, les yeux fermés et les plumes gonflées. On a tendance à dire que quand un oiseau est malade et que c’est visible, c’est que la maladie est déjà bien installée. C’était effectivement le cas pour Harry. Je ne vais pas rentrer dans les détails médicaux, mais il a été victime d’une maladie auto-immune qui s’est installée insidieusement, et même si pendant l’hospitalisation, il y a eu un ou deux jours de mieux, son état s’est au final énormément détérioré, très rapidement. Lors de ma dernière visite, avant même que le vétérinaire ne vienne me voir pour témoigner de son état médical, j’avais bien vu que c’était la fin et que j’allais devoir lui dire au revoir ce midi là. Je lui avais apporté des graines de tournesol (sa gourmandise favorite) mais elles lui tombaient de son bec tant il n’avait plus de force. Toutes les personnes de la clinique vétérinaire (la clinique des NAC à Toulouse si cela peut vous être utile) ont été adorables et très respectueuses.

Aujourd’hui la tristesse est énormément présente, je réalise jour après jour le vide laissé par Harry. Le silence assourdissant de l’appartement (Lisbeth est très silencieuse). Le temps va passer, ça ira mieux.

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